Les bacteries sont venues bien avant nous

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Nous poursuivons notre rubrique qui est rapidement devenue très populaire dans les pages de notre magazine. Son modérateur est le Dr Jean-Pierre Spinosa, spécialiste de la médecine anti-âge, obstétricien, gynécologue et chirurgien, dont l’intérêt scientifique se concentre, principalement, sur la compréhension de la biochimie et des mécanismes du cancer et d’autres maladies, ainsi que sur la médecine nutritionnelle et fonctionnelle. Le Dr Jean-Pierre Spinosa est auteur et co-auteur de plusieurs brevets, articles et livres. Cette fois, nous allons parler du microbiote ou flore intestinale.

– Pourquoi allons-nous parler des bactéries ?

Parce que leur rôle est vital. Notre corps contient de bonnes et de mauvaises bactéries, et les bonnes bactéries inhibent les mauvaises. Nous ne pouvons pas éradiquer totalement les mauvaises bactéries de notre corps, parce qu’elles entrent par le biais des aliments. Mais nous pouvons les maîtriser.

– Comment les aliments interagissent- ils avec les bactéries ?

1. Après que nous avons mangé un aliment, il se transforme en petits morceaux qui nourrissent les bactéries. Certains aliments nourrissent principalement les bonnes bactéries (les légumes, les poissons, etc.) et d’autres nourrissent les mauvaises bactéries. Toutes ces bactéries sécrètent des substances qui pénètrent dans la circulation sanguine et influencent le métabolisme au-travers de réactions chimiques complexes et influencent principalement le système immunitaire et les processus inflammatoires. Il est facile de comprendre que « vous êtes ce que vous mangez ». Nos intestins ont été élaborés par la nature pour être sélectivement perméables, ce qui signifie que, dans leur état sain et équilibré (en l’absence de dysbactériose) les parois des intestins permettent uniquement le passage de particules élémentaires, appelées monomères, en lesquelles la nourriture est décomposée : les acides aminés des protéines, les acides gras des matières grasses et les monosaccharides des hydrates de carbone. De nombreuses études montrent qu’il est possible de prévenir de nombreuses maladies (même le cancer et les maladies auto-immunes).
2. Voyons maintenant ce qui se passe dans notre intestin après que nous avons mangé trop d’hydrates de carbone (par exemple, quantité de pizzas que nous-mêmes et les mauvaises bactéries aimons tellement). Comme c’est la nourriture préférée des mauvaises bactéries, cela facilite leur croissance rapide et, par conséquent, le fait qu’elles sécrètent d’énormes quantités de métabolites (ndt : substance organique, ou formée au cours des transformations métaboliques), qui affectent notre corps, par le biais du sang. Cela peut conduire au développement de processus inflammatoires, d’allergies, de maladies auto-immunes, de certains types de diabète, ainsi que de maladies de la civilisation telles que Parkinson et la maladie d’Alzheimer (voir notre article « Un million d’années avant notre pizza », dans lequel nous avons expliqué l’évolution alimentaire de l’homme), et même de cancers. Hormis cela, notre pizza et les bactéries pathogènes, qui se sont multipliées grâce à elle, provoquent une dysbactériose. Cette affection détruit la muqueuse des parois de l’intestin à travers lesquelles non seulement les monomères, mais aussi de beaucoup plus gros morceaux d’aliments non digérés et des bactéries peuvent maintenant passer. Notre système immunitaire va identifier ces substances comme des corps étrangers et, par conséquent, des réactions de protection de notre système immunitaire s’ensuivront. Il en résulte une augmentation immédiate de l’inflammation dans le corps et l’exacerbation et l’apparition de certaines maladies qu’elle provoque. Tout cela pourrait être considérablement réduit ou même évité tout simplement en mangeant une nourriture saine.

– Comment pouvons-nous remédier à cette situation ?

Il existe ce que l’on appelle un « effet de mémoire de forme ». Même si nous changeons nos habitudes alimentaires, le système alimentaire se souvient toujours de ce qui était là avant. Et il n’y a pas de retour à la normale immédiat possible. Il existe une relation entre les habitudes alimentaires et le microbiote (nous l’appelions auparavant la flore intestinale). Le microbiote est un organe indépendant et fondamental de notre corps. Et nous devons le conserver en bon état de fonctionnement. C’est notre général, ou plutôt notre patron. Même notre cerveau ne peut pas fonctionner correctement lorsque le microbiote est dysfonctionnel. C’est comme la respiration : nous devons respirer chaque jour, donc nous devons prendre soin de cet organe toute notre vie, chaque jour.

– Que sont les bactéries ? Savons-nous beaucoup de choses à propos de ces petites créatures ? Y a-t-il un endroit sans bactéries dans notre corps ? Malgré le fait que les bactéries nous entourent, nous ne connaissons que très peu de choses à leur sujet!

Si l’on regarde de quoi nous sommes constitués en termes de quantité, il s’avère que notre corps se compose de 10 % de cellules humaines et de 90 % de cellules bactériennes. Plus de cent mille milliards de bactéries vivent en chacun d’entre nous. Cela signifie que je ne suis pas si sûr que nous soyons humains, parce que 90 % – c’est beaucoup ! Si nous comparons les tailles, c’est impressionnant : les cellules humaines mesurent 50 millionièmes de mètre de long, et une bactérie – 1 millionième de mètre. Il est tout à fait naturel que nous ne puissions pas voir une cellule humaine à l’œil nu, d’autant plus une bactérie. Cependant, cet organisme incroyablement petit est présent sur notre planète depuis quatre milliards d’années ! Permettez-moi de vous rappeler que notre planète n’a que cinq milliards d’années.

– Voulez-vous dire que les bactéries ont été les premières à apparaître sur notre planète, bien avant nous ?

Bien sûr ! Et j’illustre ce processus au moyen d’un schéma très simple. Si vous imaginez que la terre est apparue, disons, le 1er janvier, alors les premières bactéries sont apparues à la Saint-Valentin, soit le 14 février. Il s’agissait de bactéries anaérobies – celles qui pouvaient vivre sans oxygène, car l’atmosphère ne contenait pas d’oxygène à ce moment-là. Les premières bactéries aérobies sont apparues le 1er juin. Les premières cellules contenant un noyau, les eucaryotes, qui renferment la source de la vie humaine, sont apparues le 15 octobre. Les dinosaures, le 10 décembre. Les hommes sont apparus le 31 décembre, à environ quatre heures de l’après-midi. Et Jésus est né 3 secondes avant le Nouvel-An…

Donc, les bactéries furent non seulement les premières à apparaître sur Terre, mais elles vivront sur cette planète longtemps après nous. Nous leur devons donc le respect ! Mon arrière – arrière – arrière-grand-mère était une bactérie. Et la vôtre aussi …

– Apparemment, les bactéries se multiplient très rapidement ?

Rapidement, ce n’est pas le mot. A partir d’une bactérie au bout de 24 heures, nous pouvons obtenir 1000 milliards de bactéries ! Cela signifie que nous devons comprendre, que cela nous plaise ou non, que nous sommes hybrides – des hybrides bactériens plutôt qu’humains.

– D’où viennent les bactéries ?

Parmi les différentes théories, certaines disent qu’elles sont venues de l’espace : il y a cinq milliards d’années, elles sont tombées sur Terre avec les météorites. Si vous suivez cette théorie, il s’avère que nous sommes des aliens. Et nous sommes venus de l’espace pour coloniser la terre !

– Combien de bactéries vivent à nos côtés ?

Notre corps contient environ 14-15 milliards de bactéries. Le plus grand nombre d’entre elles se trouvent dans notre intestin. Et nos relations avec ces bactéries peuvent se diviser en 3 types :

  • Les bactéries neutres qui utilisent notre corps, mais ne nous font pas de bien, alias les parasites ;
  • Les bactéries pathogènes qui nous nuisent ; Les bactéries symbiotiques qui nous apportent des avantages et nous aident (gagnant-gagnant). En termes simples, il existe dans notre corps différents organes qui accomplissent certaines fonctions : les reins purifient le sang, le cerveau pense, le foie détoxique notre corps. Et le monde bactérien qui se trouve en nous devrait également être considéré comme un organe fondamental et très important. Aujourd’hui, nous l’appelons le microbiote ou flore intestinale. Je vais vous donner un exemple : si le cerveau pèse 1400 g, le foie pèse à peu près le même poids et, ensuite, le microbiote ou flore intestinale pèse 2 kg. Cela signifie qu’il y a 2 kg de bactéries dans notre corps ! La plupart d’entre elles vivent dans l’intestin. Il y en a dans la bouche, moins dans l’estomac, mais cet endroit n’est pas stérile. Plus on descend dans le tractus alimentaire, plus le nombre de bactéries est élevé. Le plus grand nombre d’entre elles se trouvent dans les derniers segments de l’intestin – dans ses derniers centimètres. Un gramme d’’excréments humains contient 1000 milliards de bactéries (!) et nous … 300 grammes de caca par jour.

– Mais toutes les bactéries ne sont pas les mêmes ?

La réalité est que nous ne pouvons pas détruire uniquement les mauvaises bactéries et garder les bonnes – par exemple, lorsque nous nous lavons les mains. Cependant, nous avons besoin des bonnes bactéries : elles sont présentes dans notre corps pour nous protéger. Imaginez que de mauvaises bactéries essayent de nous manger. Nous ne pouvons pas nous protéger contre ces conquérants. Notre seule chance est de disposer de bonnes bactéries à portée de main. Par conséquent, nous devons traiter nos bonnes bactéries avec respect et garder un œil sur ce avec quoi nous les nourrissons.

– L’étude des bactéries doit être difficile ?

Au jour d’aujourd’hui, nous commençons tout juste à comprendre la composition bactérienne de notre corps, nous découvrons des choses que nous ne savions pas auparavant. Comment pouvons-nous continuer à en apprendre plus sur le microbiote ? La première méthode consiste à analyser l’ADN bactérien, et on appelle cela la métagénomique. La deuxième méthode, qui est à mon avis plus intéressante – c’est d’étudier ce que les bactéries produisent. Parce que l’effet des bactéries, qu’il soit bon ou mauvais, émerge principalement en raison des substances qu’elles produisent. Nous étudions cela par le biais des réactions chimiques que les bactéries favorisent.

– Alors le contexte bactérien est différent selon les personnes ?

Il existe plus de 2000 différents types de bactéries. Comme, par exemple, au supermarché il y a plus de 2000 produits alimentaires divers, mais quand je vais faire mes courses, je ne peux pas en acheter plus de 200 d’entre eux. Et ce sont ces 200 denrées alimentaires que je vais ranger dans mon réfrigérateur. C’est la même chose avec les bactéries : il existe plus de 200 types de bactéries qui vous rendent différents des autres personnes. De la même façon que nous avons des groupes sanguins différents, des empreintes digitales différentes, nous avons un type de flore bactérienne personnalisé. Les empreintes bactériennes de toute personne sont si différentes que ce fait est digne d’être breveté. Cependant, il existe une nuance : les empreintes digitales ne changent pas avec le temps (à présent, certaines études montrent que certains traitements lourds du cancer pourraient modifier les empreintes digitales) mais les empreintes bactériennes peuvent changer.

– De quoi cela dépend-il ?

Croyez-le ou non, mais notre intestin est «à l’extérieur» de notre corps. C’est un tunnel qui va de notre bouche jusqu’à l’autre extrémité. Certains éléments doivent traverser la barrière pour aller à l’intérieur du corps, mais d’autres (par exemple les bactéries) doivent rester à l’intérieur du tunnel et être expulsées. Un intestin endommagé permettra à un contenu dangereux de pénétrer dans le corps. Ainsi, notre flore intestinale (le microbiote) est fondamentale pour le maintien de la santé. La flore intestinale se modifie en fonction de nombreux facteurs : l’âge, la nourriture que vous mangez, l’endroit où vous habitez, etc. Les allergies et les maladies auto-immunes sont beaucoup plus courantes chez les personnes ayant un «microbiote de l’ouest», avec une diversité de bactéries moins importante. En outre, la flore intestinale actuelle est essentiellement un reflet de ce qui s’est passé à la naissance. Un nouveau-né, que l’on dit être stérile (à présent, nous avons des doutes sur le dogme de la stérilité des nouveau-nés) sera infecté ou colonisé en fonction de la façon dont il ou elle est née. Si la naissance était naturelle, alors l’enfant recevra les bactéries génitales et intestinales de sa mère. Si le bébé est né par césarienne, il ou elle recevra plutôt des bactéries qui se trouvaient alentour à sa naissance: toutes sortes de bactéries de la peau qui lui sont transférées en raison du contact avec les mains du personnel médical. Disons immédiatement que l’avenir du bébé sera différent selon que sa maman a ou non un bon microbiote.

Il s’est avéré très récemment que ce que nous avons considéré stérile dans l’utérus de la mère, ne l’est en fait pas. Par des mécanismes qui ne sont pas complètement compris, un transfert de bactéries est facilité des intestins de la mère à ceux du bébé par le biais du placenta. Il y a aussi des bactéries dans le lait maternel et c’est très bien qu’elles s’y trouvent. Le lait du premier jour (le colostrum) en termes de composition bactérienne est différent du lait produit plus tard. Un bébé nourri au sein a une flore intestinale différente de celle d’un bébé nourri avec un lait maternisé. Ainsi, la nature est une chose phénoménale ! Nous ne pourrons jamais remplacer le lait maternel par un lait maternisé, parce que personne ne va y ajouter de bactéries ni ne sait exactement quel type de bactéries ajouter. La flore intestinale de l’enfant atteindra son équilibre final seulement à l’âge de 3 ans. Ainsi, les femmes doivent allaiter leurs bébés au moins jusqu’à l’âge de 1 ou 2 ans et si possible 3.

– Les antibiotiques sont-ils dangereux ?

Il est évident que les antibiotiques sont des substances clairement fantastiques et utiles, en mesure de traiter les maladies infectieuses, mais en même temps, nous endommageons l’un de nos organes vitaux, notre microbiote. Vous comprenez maintenant qu’il existe de bonnes bactéries qui contrôlent l’état du corps et maintiennent l’équilibre. Nous devons prendre soin de ces bactéries. Et si nous les tuons, la porte est ouverte à quantité de maladies. Malheureusement, les bactéries les plus vulnérables sont les bonnes. Par exemple, on peut voir que des femmes développent une mycose après un traitement antibiotique. Parce que nous avons tué les bonnes bactéries qui protègent contre la prolifération du Candida. Mais ça va bien plus loin que cela : des maladies aussi conséquentes que la maladie d’Alzheimer sont désormais attribuées par des scientifiques à un microbiote dysfonctionnel. Les bactéries nocives commencent à se multiplier très rapidement étant donné que personne ne les contrôle. Pouvez-vous imaginer que nos bactéries non seulement produisent des vitamines ou des lipides, mais il existe d’autres choses absolument phénoménales que nous ne pouvons pas encore imaginer. Pratiquement personne ne sait que les bactéries intestinales sont constamment «connectées» aux organes de la vision et aux articulations. Elles «parlent» également avec notre graisse (les lipides). Et selon le type de bactéries qui se trouvent dans les intestins, les lipides fonctionneront de façon complètement différente. Très peu de gens savent que les bactéries parlent aussi à nos muscles, avec des conséquences similaires. Elles communiquent avec d’autres organes, aussi, par exemple avec le foie et le système cardio-vasculaire. De nombreux problèmes cardio-vasculaires résultent de maladies intestinales. Un autre facteur peu connu est que le microbiote intestinal est le terrain d’entraînement de notre système immunitaire (pour ceux que cela intéresse, lisez « L’hypothèse hygiéniste »). La médecine comprend maintenant que les allergies et les maladies auto-immunes (la maladie de Crohn, d’autres maladies intestinales inflammatoires, la sclérose en plaques, la polyarthrite) commencent très souvent dans notre intestin. Mais ce qui est extraordinaire est que nos bactéries intestinales «envoient des e-mails» à notre cerveau toute la journée !

– Peut-on dire que notre caractère et nos émotions sont également des effets de nos bactéries intestinales ?

Exactement ! Il y a 500 millions, ce qui fait un demi-milliard, de neurofibres qui connectent le cerveau aux intestins. Bien des expressions françaises reflètent cette condition du corps – qui est le lien entre le comportement et l’état du corps humain, et les intestins, en particulier. Notre humeur, nos émotions, notre stress psychologique, notre caractère dépendent du type de bactéries qui se trouvent dans notre intestin.

– Aujourd’hui, on parle beaucoup des probiotiques et de leurs bienfaits pour le corps. Est-ce réel ?

Il faut différencier les termes probiotiques et prébiotiques : les bactéries sont en tant que telles des probiotiques, et ce avec quoi nous les nourrissons, ce sont les prébiotiques. Ce sont des choses que nous autres êtres humains ne pouvons pas digérer, mais les bactéries peuvent se débrouiller et les utiliser comme aliment principal. Par conséquent, lorsque nous mangeons pour nous-mêmes, nous ne devrions jamais oublier que nous devrions également nourrir nos bactéries parce qu’elles travaillent pour nous. Voilà pourquoi nous devons manger des prébiotiques tous les jours ! Les prébiotiques sont essentiellement des fibres végétales. Il faut le faire tous les jours parce que toutes les 36 heures, 100% de nos cellules intestinales sont complètement renouvelées. Cela signifie que nous avons 50 milliards de cellules intestinales qui meurent, nous les excrétons et les remplaçons par de nouvelles. La surface de nos intestins couvre environ un terrain de football : 700 mètres carrés. Les prébiotiques sont les artichauts, les radis, les bananes, les asperges, le chou, les navets, la patate douce, l’ail et l’oignon, la chicorée. D’autres substances saines se trouvent dans l’huile d’olive, le vin, les baies sauvages, la grenade : les polyphénols. Le curcuma et toutes les denrées alimentaires qui contiennent des acides oméga 3 sont également essentiels pour avoir de bonnes bactéries saines. Ainsi, il est nécessaire d’éviter tout ce qui tue les bactéries utiles : les pesticides ou le chlore de l’eau du robinet. Et méfiez-vous des sodas. Ils sont malsains. Malheureusement, ils sont parfois moins chers que l’eau. La viande et le sucre sont également nocifs car ces denrées alimentaires sont les favorites des mauvaises bactéries. Il est également important de bien mâcher la nourriture. Les intestins effectuent un travail graduel, étape par étape. C’est comme si vous construisez une voiture ou une maison. Il est impossible de poser un toit en l’absence de fondations. Votre intestin travaille de la même manière. Si vous ne mâchez pas correctement, cela signifie que la nourriture ne sera pas correctement traitée dans l’estomac, par conséquent, elle ne peut pas non plus être traitée dans les intestins. Ce qui constitue un régal pour les mauvaises bactéries. La recherche confirme que certaines maladies dépendent du bon état de la dentition. Dans les maisons pour personnes âgées, les actions visant à la correction des problèmes dentaires aident à éviter de nombreuses maladies.

– Cela signifie-t-il que tout ce que nous mangeons, grâce à nos bactéries, sera transformé dans notre intestin ?

Et cela est encore plus important que ce que nous mangeons : comprendre ce en quoi nos bactéries vont transformer cela. Dans certains aliments (les œufs, par exemple) il y a une substance appelée phosphatidylcholine (= lécithine). Après avoir été digérée par de mauvaises bactéries dans l’intestin, elle se transforme en une substance appelée triméthylamine (TMA). De l’intestin, cette substance est transportée vers le foie où elle se transforme en triméthylamine-Noxide (TMAO). Et cette substance est très toxique pour les parois vasculaires ! Elle est également toxique pour les reins, tout comme cela a été démontré dans une étude de 2015 et 2016. Ainsi, nous pouvons dire que dans certains cas, l’infarctus du myocarde risque de ne pas dépendre directement de ce que vous avez mangé, mais plutôt de ce en quoi cette nourriture a été transformée par vos mauvaises bactéries. Une seule et même nourriture affectera différemment votre corps. Elle va avoir une influence positive si les bonnes bactéries prévalent, et une influence négative – si les mauvaises bactéries prédominent.

– Y a-t-il également une relation avec une maladie comme le cancer du côlon ?

La recherche médicale montre que les gens qui mangent plus de fibres et moins de viande peuvent compter sur une diminution du risque de cancer du côlon jusqu’à 15 fois moindre. L’association entre l’alimentation et le cancer du côlon est si étroite qu’il existe malheureusement, une «formule» pour être presque certain de développer un cancer du côlon. La voici : beaucoup de viande, peu de fibres, beaucoup de sucre et de pesticides. Des maladies comme l’obésité dépendent également de l’état de la flore bactérienne. Si vous greffez de la flore bactérienne (oui, vous lisez bien, nous pouvons maintenant transplanter du caca) d’une personne de constitution normale à une personne souffrant d’obésité, on peut alors se débarrasser de l’obésité. Cela peut sembler ridicule aujourd’hui, mais l’un des plus importants investissements qu’une personne peut faire aujourd’hui – est de faire «une banque d’excréments» – comme une banque de sperme. Parce que le nombre de personnes qui souffrent d’obésité augmente de plus en plus. La science avance très rapidement pour nous aider à rester en bonne santé et actifs pendant de nombreuses années. Et les bactéries jouent un rôle important dans cet enjeu – elles sont les habitantes de longue durée sur cette planète ! Réparer les intestins (et surtout le microbiote) peut être la solution à de nombreuses maladies, de la maladie d’Alzheimer enpassantparlecancer, lesmaladies cardiovasculaires et d’autres. Je suis convaincu depuis plus de 15 ans déjà que toutes ces maladies sont liées à un dysfonctionnement mitochondrial. Un récent article publié dans Frontiers in Physiology prouve un lien et une influence mutuelle entre le microbiote et les mitochondries. Dans notre prochain article je propose de parler de cette minuscule centrale énergétique de notre corps. www.ted.com

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